En fait, plutôt que le rond de longe, me voici arrivée dans la section des paddock. Il faut bien l'avouer, j'ai un sens de l'orientation exécrable et ici, je suis nouvelle. Donc bonjour les problèmes. Quoiqu'il en soit, je suis quand même au bon endroit. Le travail en liberté, c'est plus facile en rond de longe qu'en paddock mais quand, comme ici, il y a de petits prés, on peut s'arranger. Enfin, que je pensais, c'était sans prendre en compte le drôle de caractère de Nashwan!
Enfin, j'ouvre la porte du pré. Nash' essaye de me déborder. Un coup sec sur la longe brise son élan de liberté et il me regarde d'un air joueur. Je sais que je dois me méfier. Alors, je le laisse passer dans le pré et ferme à demi la porte pour me cacher, toute petite que je suis, derrière cette dernière. Et je relâche la bête. Aussi tôt qu'il entend le ''click'' de l'attache, qu'il se sait libre, il fait demi-tour, lançant pas bien méchamment, soit, mais quand même, les pieds dans ma direction. Mais je suis protégé, je me suis reculée et il ne peux m'atteindre. Cela ne me surprend pas de lui. A voir son attitude au sol, il manque un peu de respect.
Le voilà qui rue, qu'il fait son chaud et se montre démonstratif. Une chance qu'il n'y a pas de jument ou de chevaux dans les environs. Je l'observe dans toute sa splendeur faire demi-tour sur les hanches pour se lancer dans une courte galopade. Freiner pour refaire demi-tour. Une chance que le paddock est petit sinon, je crois qu'il aurait tenté de me montrer quel grand sauteur il est…
Enfin, Monsieur se calme et me regarde. Je vois le défi et une lueur joueuse dans ses yeux, comme s'il m'invitait à entrer dans la danse. Une invitation que j'accepte. La longe dans les mains, un stick pour avoir un peu plus de porté, j'entre dans le rond de longe. Le voici qu'il s'avance vers moi en se pavanant d'une manière pressée. Soit, je le repousse et je chasse. Il lance une ruade dans ma direction et part en fanfaronnant. Je le pousse au galop, prenant note du petit dos de chat très agile dont il ponctue les départs au galop depuis tout à l'heure. Je le force à libérer son trop plein d'énergie. Mais lorsqu'il juge qu'il en a assez, il pointe le coin et s'arrête. Et il le fait à chaque coin. Brillant le poney! Mais c'et sans penser que j'en ai connu des plus clown que lui.
Alors, je me mets à le longer de manière plus active. Remerciant le ciel d'être dans un petit pré et d'avoir du cardio. Je recule ma position pour mettre de la pression sur les postérieurs, avance vers lui à l'approche d'un coin et le chasse avec la longe. Si au début, il se fait un plaisir évident à me tourner en bourrique, il comprend bien vite que lorsque je dis vers l'avant, c'est vers l'avant. Et que je me montre habile dans mes commandements. Je recule rapidement ma position et avance vers ses postérieurs chaque fois qu'il fait mine d'arrêter dans un coin ou de faire demi-tour si bien que ça en devient presque un jeu. Il me teste, je n'en doute pas. Il tente de me prendre de vitesse et parfois, le réussi, faisant demi-tour avec une agilité surprenante.
Jouant avec les limites, il se met enfin à changer de stratégie. Il sait que celle-ci n'est plus aussi efficace. Il cherche à couper le cercle pour mieux foncer dans les coins. Je vous avouerais que j'ai été déstabilisée. Il a le don pour partir de rien et aller à un galop puissant et vif sans trop d'avertissement. Pourtant, j'essaye de lire dans son corps du mieux que je peux. Concentrée que je suis, j'observe son équilibre, tentant de voir dans la position de ses membres et le port de son encolure les changements qui indiquent, chez lui, qu'il va partir au galop. Cela demande du temps et de la patience pour se développer l'oeil. Mais c'est possible et faisable. Quand on se donne temps et patience.
Je le repousse vers l'avant, il vient de me fienter. Car toute concentré que je suis, j'en oublis qu'il adore arrêter dans les coins. Mais, tranquillement, à force de temps, je le vois qui commence à vouloir communiquer et travailler plus avec moi que contre moi. Il baisse la tête et mâchouille un peu dans le vide. Ses oreilles, qui ont toujours été pointées vers moi, le sont maintenant de manière plus délibérées. Est-ce qu'il tente d'endormir ma vigilance?
Je lui donne une pause au pas car le blanc a quand même beaucoup travaillé… et surtout en intensité. Il respire plus fortement et tend maintenant la tête vers le sol pour manger un peu de gazon. Je lui accorde cette pause et me retire tranquillement du pré. Il me suit quelques foulées, comme pour m'accompagner avant de plonger de plus belle sa tête vers la verte pâture. et manger.
Le paradis se trouve entre les oreilles d'un cheval
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