♦ Débourrage.

       « Commençons les festivités. »

Quelques mois se sont écoulés depuis la dernière fois que je suis passé à l'élevage. Mais ne vous inquiétez pas, mes chevaux étaient toujours nourris et sorties. Les poulains étaient les seuls à ne pas se laisser approcher par mon palefrenier et je lui avais dit de ne pas insister.  Oui, suite à leur sevrage, trois poulains, Poison Ivy la fille de Vision et Gameboy, Code Yoko le fils de notre défunte Bee Bizzy ainsi qu'Oxford, le poulain du domaine, se sont retrouvés dans un nouveau pré, loin de celui de leurs parents respectifs ou d'adoptions. Ces trois petites têtes ont menés la vie dure à mon employé. C'est qu'Ivy en a dans la caboche pour faire suer son monde, suivie bien entendu de ses deux acolytes, ils formaient le trio le plus mignon et le plus infernal qu'on ait connu !

Qu'est-il arrivé pour que je délaisse mon élevage et ma vie ? C'est assez simple : j'ai fait un burn out. Trop de travail avec trop peu de temps, ce qui a donné un Valentin excessivement épuisé et à bout de nerf qui a fini par plongé la tête la première dans un arbre... littéralement. Je me suis endormi au volant et j'ai eu un accident. Heureusement, dans mon erreur, je n'ai emporté personne d'autre dans mon accident, a part un arbre... Bref, la convalescence a été longue et on m'a dit de moins en faire, que je tirais sur la corde raide et que de toute façon au rythme où j'étais, j'allais finir par lâcher : moralement, physiquement ou même a travers un accident comme j'avais pu expérimenter quelques mois plus tôt. J'ai, donc, fermer mon bar, payer un palefrenier et fait un retrait en France. Une bonne cure thermale, suivie de bonne journée de repos et de détente parsemé de quelques visites chez des vieux copains.

Tout ça pour dire : je suis de retour, baby! Aussi frais qu'un gardon, prêt à reprendre tout ce que j'ai laissé inachevé ici, à commencer par l'éducation de ces petits merdeux de poulains!

Tandis que je me gare sur le parking de l'élevage, Loona trépigne. Même si elle a aimé le voyage en France, je sens qu'elle est heureuse de retrouver ses marques et sa maison. A peine ai-je coupé le moteur et ouvert ma porte qu'elle saute sur mes genoux et se faufile hors de la voiture. Je grommelle des mots inaudible. A mon tour, je descend du véhicule. Je jette un petit coup d'oeil aux alentours et repère rapidement ma chienne en train de faire son tour et renifler partout. Quant à moi, je me dirige instinctivement vers les prés. Salvador, qui avait passé la tête par dessus la porte de son box, est vite retourné au plus loin de moi, au fond de sa stalle, en me voyant. Et dire qu'il est même pas content de me voir celui-là. J'arrive devant le premier pré Est, où les hennissements en cœur de Heigh Ho et de Dream Walker se font entendre. Je passe rapidement a côté en leur promettant de venir leur faire un coucou et un petit pansage juste après.

Arrivé devant le pré des poulains, je m'accoude à la barrière. Alors que de l'autre coté du couloir, Gameboy, Zelda et Laszlo me dévore des yeux comme si j'étais une entre-côte, les poulains ne remarquent même pas ma présence. Le rouquin tente d'attirer mon attention en hennissant, ce qui attire l'attention. D'abord sur lui et ensuite sur moi. C'est à ce moment-là où ça tilt dans la tête de Yoko. Dès que ses yeux se posent sur moi, son regard passe de l'indifférence à la joie extrême et sans plus attendre, il s'élance vers moi. Il pousse des petits cris naseaux et se dépêche de me rejoindre, aussi vite qu'il le puisse et en manquant de tomber à quelques reprises ! Il me fait vraiment penser à Dream Walker, en même ils ont tous les deux un patrimoine génétique similaire. Je tend la main quand il arrive à ma hauteur et il vient directement se coller à elle en roucoulant.

- Hey mon beau, je t'ai manqué à ce que je vois. Tu as bien grandi !

Il est tellement content qu'il piétine, il se dandine, il sait pas trop quoi faire de ses quatre pattes. Au loin, j'aperçois les deux bais, il semble indifférent à mon arrivé, en même Oxford n'est pas vraiment mon poulain donc je comprend et puis ça ne m'étonnerais même pas qu'Ivy me fasse la gueule!

Je rentre dans l'enclos et le pie me tourne autour, trépigne et semble vraiment heureux de me voir.

- Je vois que tu es heureux mon grand, je t'avais dit que ce n'était que temporaire, que je ne t'abandonnais pas !

Il ronfle en profitant de mes caresses sur son chanfrein.

- J'ai appris que vous avez mené la vie dure à Derek, c'est pas très gentil ça. Maintenant que je suis revenu ça va changer. Déjà on va commencer par vous manipuler un peu plus car avec ces quelques mois sans vous laisser toucher vous avez surement dû oublier!

Le petit étalon écoute d'une oreille, trop content pour se concentrer.

Je ne suis pas venu seul au pré, j'ai entre temps récupérer un bouche et un cure pied dans ma sellerie. Je présente l'objet à Yoko, qui dévisage d'abord la brosse avant de la renifler.

- Tu n'as pas oublier j'espère!

Quand j'approche la brosse de son épaule, il recule.

- Non non non mon grand. Tu es crasseux, tu mérites un coup de brosses !

Il ne recule pas plus que ça et je peux tranquillement brosser son épaule,encolure et sa tête. Je le fais des deux côtés avant d'avance un peu plus vers son ventre et son dos. Il renâcle et fais quelques pas en diagonale. J'arque les sourcils.

- Yoko ? Pourquoi tu t'échappes comme ça ? Ce n'est pas désagréable pourtant.

Bon ça va je n'ai pas à me plaindre avec le pie car il est assez docile, je sais que je vais bien plus en chier avec les deux zigotos qui se sont planqués au fin fond du pré. Je continue ma progression dans son pansage tranquillement, le dos se fait facilement, il se montre un peu chatouilleux sous le ventre et arriver aux fesses il tape du pied. Il imite surement sa soeur d'adoption, Poison Ivy, qui elle n'a pas honte de montrer les mauvaises manières et de faire tourner tout le monde en bourrique. J'hausse un sourcil.

- Pardon ? Depuis quand tu te montres rétif ? Tu as oublié qui est-ce qui te pansait ou c'est comment ?

Je lui met une petite tape très légère sur les fesses et il couine, surpris. Il tourne la tête vers moi et m'observe.

- Tu n'as pas à imiter Ivy, tu as le droit d'être gentil toi !

Il souffle comme si je l'avais exaspérer et me laisse finir son brossage.

- Tu vois quand tu veux, bonhomme.

Soudainement, je sens un souffle sur ma main. Je tourne la tête et tombe nez-à-nez avec la petite Ivy et le regard d'Oxford, timidement caché derrière ses fesses.

- Hey les bébés! Vous en avez mis du temps pour venir!

Le pansage de ses deux là risque d'être compliqué... même si eux deux ont déjà accepté le licol et pas encore Yoko, le pie lui accepte d'être touché partout sans souci.

- Je finis avec lui et on tente avec vous ?

Je me penche pour curer les pieds de Yoko. Les sabots avant sont un jeu d'enfant mais je bataille un peu plus avec les postérieurs. Monsieur a toujours été un peu plus réticent à donner ses pattes arrières mais avec douceur et patience, il finit par me les donner. Je le récompense chaudement sous le regard furieux de la petite baie. "T'es sérieux, tu le félicites lui ?" semble-t-elle dire et soudainement, elle le chasse en lui mordant la croupe, les oreilles en arrière. Je fronce les sourcils.

- Hey ho ! C'est quoi cette jalousie Ivy ? Tu vas avoir ton tour toi aussi t'inquiète pas !

Mais dès que je m'approche, elle s'éloigne les oreilles en arrière. Ca y est elle boude maintenant.

- Tu es sérieuse à bouder ? Ivy tu abuses!

C'est bien la digne fille de sa mère celle-là. Mais je reste patient et je ne lâche pas le morceau. Oxford lui s'est éloigné et observe la scène au coté de Yoko. Ivy ne me laisse pas l'approcher, ou alors elle me feinte, mais je ne me décourage pas. Après quelques minutes, elle décide de s'arrêter, pourquoi ? Parce qu'une carotte vient d'apparaître dans ma main. Ca, ça l’intéresse beaucoup, mais elle reste camper sur ses positions. Quant à Oxford et Yoko, ils arrivent rapidement. La friandise appâte toujours les chevaux mais la baie est très têtue ! J'en donne un tiers à Yoko et j'en profite pour brosser un peu Oxford, jusqu'à à peu près mi-dos de chaque côté avant qu'il ne commence à trépigner, à s'éloigner mais pas trop loin car il y a la carotte. Je le laisse là-dessus, le félicite chaudement à son tour et lui donne son morceau de carotte. Ivy rage. Elle secoue la tête en ronflant et fais quelques pas mais elle se rappelle bien vite que j'ai la brosse dans la main et recule de nouveau tandis que Yoko et Oxford retournent brouter pas très loin. Après quelques minutes d'attentes, elle finit par céder et arriver en furie, chassant rapidement ses deux copains! J'arque les sourcils.

- Tu es un sacré numéro toi !

Elle revient mais elle reste méfiante. Je m'approche doucement, tout en l'appâtant avec le légume orange et commence à brosser son encolure. Elle s'en rend compte rapidement et a part lever la tête elle ne s'éloigne pas. Je lui fais l'encolure des deux côtés et je préfère ne pas insister plus, je la récompense chaudement en lui donnant sa friandise.

- Tu vois quand tu veux petite morue!

Elle me lance un regard noir avant de s'éloigner au grand trot et intimant ses compagnons de la suivre. C'est bien une dominante celle-ci, elle va me donner du fil à retordre. J'ai hâte de pouvoir les séparer pour les travailler, parce là ça a été très compliqué pour moi de les gérer tous les trois!

Je sors du pré en laissant les trois bout de chou, plus si petits que ça, jouer à se mordre et se chasser. Loona m'attend pas très loin, et nous nous dirigeons vers les autres prés.