L'an dernier j'étais encore un peu prétentieux, cette année je suis parfait.

N’en déplaise aux qu’en-dira-t-on, il faisait beau. A peine sorti de la voiture, Napoléon leva la tête vers le ciel. Pas un nuage à l’horizon. Bon, sa mauvaise foi de Sudiste reprenait vite le dessus en le faisant penser que ce bleu était moins bleu qu’à Nice. Neeeeeeettement moins bleu.
Les cris de sa fille lui rappelèrent qu’il n’était pas venu seul. Cette petite bouille de même pas 3 ans était pourtant la raison première de son débarquement en Angleterre. Et oui, après le débarquement en Normandie, on avait le débarquement en Angleterre. Avec moins de soldats et nettement moins de bateaux, mais c’était l’idée.

Il s’immergea dans l’habitacle pour détacher sa princesse aux longs cheveux châtains. Cette dernière ne semblait pas lui en vouloir de sa conduite un peu chaotique - le volant à droite l’avait quelque peu désarçonné en arrivant à l’aéroport. Elle sorti rapidement et, avec toute la curiosité qui seyait à son jeune âge, elle regarda de longues minutes tout autour d’elle. Ce fut une légère injonction de son père, un « Vamos, Arabel » qui la sortit de sa contemplation. Elle plongea sa main ridiculement petite dans celle, nettement plus grande, de Napoléon, qui la tira pendant presque une heure dans une visite improvisée et pas du tout guidée des lieux. A un moment, il avait pris sa fille sur ses épaules, mais ni l’un ni l’autre n’auraient été capables de vous dire quand et pourquoi. Il était complètement fada - expression Sudiste me voici me voilà - de cette enfant, et elle le lui rendait bien. En plus, aujourd’hui, elle avait des souliers assortis. Et une vraie paire de chaussettes, sans trous. Le grand brun avait véritablement pris sa décision de redoubler d’efforts pour l’éducation de sa poupée.

A la fin de tant de déambulations qui leur avait mis des étoiles plein les yeux, ce fut l’heure du débriefing. Soulevant le poids plume de ses épaules,  et la déposant à califourchon sur la barrière d’un paddock, le jeune papa demanda à la petite Arabel ce qu’elle pensait de ce nouvel endroit. La réponse fut sans appel « Ch’est super grand ». Il ne pouvait qu’acquiescer et pour féliciter sa demoiselle qui semblait très bien accepter ce brusque changement d’environnement il la souleva pour la faire « voler » dans les airs, comme elle l’aimait. Le rire cristallin emplit les oreilles de Napoléon, dont le cœur se gonfla d’amour.
Il avait fait le bon choix en sacrifiant sa famille, son cabinet et sa vie au profit de celle qu’il pouvait mener avec Arabel. La petite pourrait apprendre tranquillement cette nouvelle langue, et elle allait se construire rapidement de nouveaux repères. C’était tout ce qu’il pouvait espérer…