Cours de June Parker

Hier soir j’avais reçu un mail pour une demande de cours particulier : Cross Country, niveau Galop 7. June Parker sur un de ses étalons : Kalif. Rien que son nom avait tendance à inspirer, c’est que ça rigole pas à l’Oasis ! Je m’étais renseignée auprès de Kiara, qui connaît tous les chevaux de l’Académie, mais aussi ceux de propriétaire, et elle m’avait informée que Kalif sortait de refuge, mais que sa cavalière avait fait un sérieux travail de rééducation. Intéressant, un couple avec un potentiel qui commence à s’épanouir et qui, de surcroît, devaient probablement avoir une sacrée relation. Voilà qui avait fortement tendance à attiser ma curiosité puisque j’avais moi-même du tisser un lien hors du commun avec Wild pour l’aider à progresser …

J’étais arrivée à 10H50 sur le lieu de rendez-vous, soit dix minutes à l’avance, afin d’observer l’état du terrain. Il était sec, et donc non glissant, mais il faisait déjà assez chaud, alors un bon rafraîchissement serait de mise après la séance. Finalement, je vis un couple arriver, et je pus directement reconnaître un bel Arabe gris, monté par une cavalière qui avait l’air d’avoir un excellent maintien. Je lui avais souris amicalement, et étais allée à leur rencontre. « Bonjour June, je suis Riley. On m’a dit beaucoup de bien sur vous, alors je suis très curieuse de vous voir à l’œuvre. Mais avant ta détente, j’aimerais que tu me dises où vous en êtes tous les deux sur le cross ? Quel niveau a-t-il ? »

Après avoir vu June arriver rênes longues, j’avais compris qu’elle ne voulait certainement pas trop forcer Kalif, et ça ne me posait pas de problème. J’avais écouté avec attention les points importants de sa réponse : Elle connaissait les terrains de cross, mais son cheval beaucoup moins. Noté. Entraînement commencé il y a à peine un mois. Noté, nous irons en douceur. « Je vois, on va procéder en douceur, ne t’en fais pas. » Tout naturellement j’avais fait un petit pas en arrière pour déranger significativement moins le gris qui semblait assez nerveux à cause de ma présence. J’avais ensuite proposé à June de commencer sa détente. Je les avais observés très attentivement, et m’étais régalée. Oui, l’Arabe était sur l’œil, mais sa cavalière montait parfaitement bien, et ça faisait plaisir à voir : Elle savait réagir à ses actions, savait le corriger correctement, tout en faisant preuve d’une grande douceur. En ce qui me concerne, je trouvais qu’ils allaient très bien ensembles mais nous n’étions pas là pour ça. J’avais fait la moue, et avais réfléchi. En théorie, je serais restée dans l’enceinte du parcours. Mais pour le coup … Je ne pouvais pas me permettre d’handicaper June sur son parcours de par ma présence, alors j’étais passée de l’autre côté de la barrière avant de m’y accouder, observant Kalif afin de savoir si cette distance lui suffisait, ou bien si ça ne changeait rien …

« Une fois que tu le sens calme, et à l’écoute, tu le passes au galop. Je veux un travail sur les transitions, pour qu’il se concentre sur toi, plutôt que sur son environnement. Une fois que tu seras sa préoccupation principale on pourra commencer les choses sérieuses. »

J’avais regardé le couple continuer sa détente. Peu à peu, Kalif exécutait de mieux en mieux les demandes de June, il les mettait en œuvre de tout son cœur, et lui montrait qu’elle avait son attention totale et complète. C’était ce que je voulais pour eux, et si pour y parvenir il avait besoin que je me tienne à distance, eh bien qu’il en soit ainsi, je n’étais pas contraignante. Une fois que je vis qu’ils étaient prêts à commencer, j’avais dit à June :

« Okay June, tu peux revenir vers moi ? » Je lui avais demandé, avant de lui dire : « Je pense que je vais rester là pour le temps de la séance. Après tout le but est que je vous aide à progresser et s’il n’arrive pas à se concentrer sur toi parce qu’il est inquiet de ma présence nous n’y arriverons pas. Ce n’est pas ce que l’on souhaite alors je ne reviendrai pour le moment pas à l’intérieur. Mais tu vois, son regard est plus apaisé, il est moins sur le qui-vive. Ses oreilles sont légèrement tournées vers toi, ça montre qu’il écoute. Et je suis sûre que là maintenant tu lui demandais un départ au galop de l’arrêt, il te le donnerait. » Je souris doucement, avant de reprendre : « J’aimerais voir comment vous sautez. Tu vois le tronc là-bas ? Je voudrais que tu me le passes. D’abord au trot, puis au galop. Avec de la régularité, et de la justesse. Prenez votre temps si nécessaire, je veux quelque chose de propre. » Rien de bien difficile en soi, juste une petite cinquantaine de centimètres, mais assez étroit alors il faudrait conserver sa trajectoire, et ne pas se laisser tromper par la faible hauteur.

Je pinçai les lèvres quand June m’expliqua pourquoi il était important pour elle de continuer à désensibiliser Kalif sur la présence des personnes autour de lui : « Je pourrais t’aider si tu le souhaites. D’abord à accepter une personne autour de lui, qui ne le regarde pas forcément, et qui de temps à autre, le regarde avec intérêt, ou alors une autre personne à cheval à côté ? Est-ce qu’il supporte mieux quand l’autre bipède est à cheval ? » J’avais de la chance avec Wildfire, car il n’était pas difficile avec ça. Une fois que j’étais sur son dos, à la rigueur il pouvait se montrer un peu protectif, mais jamais il n’avait eu peur de rien. Faut dire que la peur n’est pas vraiment son genre…

J’avais ensuite regardé le duo évoluer, passer l’obstacle d’abord au trot puis au galop. Les gestes de June étaient précis, ceux de Kalif un peu moins. Cependant, sa cavalière avait de l’expérience et cela l’aidait à améliorer son mouvement au fur et à mesure qu’ils passaient le tronc. Si elle avait eu besoin d’un claquement de langue pour l’encourager la première fois, ce ne fut plus nécessaire par la suite, et il avait même montré qu’il pouvait se montrer suffisamment franc à l’obstacle. J’avais souris quand elle m’avait dit qu’il faisait mieux que d’habitude, avant de hocher la tête.

« Je pense qu’au début c’est ce qu’il faudra privilégier : Lui faire passer des hauteurs très légères mais qui, au final, l’aideront à perfectionner son geste. Il vaut mieux qu’il ait des bases solides sur du 50 plutôt que de se contenter de quelques passages hasardeux qui finiraient par être dangereux. Il maîtrise les transitions dans l’allure ? » L’avantage sur un obstacle sur celui-ci c’est qu’il est isolé, et bas. On peut donc l’aborder de n’importe quelle manière, le passage sera réussi. « Si tu le sens au point, j’aimerais minimum trois passages : Un au petit galop, un second au galop de travail, puis un au galop allongé. Toujours dans la rectitude sur l’abord, et sur la régularité avant, et après le passage. »

Pensive, j'avais écouté la réponse de la brune. Cheval avec un passé difficile, assez sociable avec les autres chevaux visiblement. J'avais souris à cette pensée. Eh bien puisqu'il semblerait que ça pourrait être une bonne idée, pourquoi hésiter ?

"Si ça te dit j'ai un cheval bien plus posé que Wildfire que je dois sortir. Make it Happen, un cheval d'exception, que j'adorerais acheter. Je pense que le Maquignon ne sera pas contre une petite sortie, quitte à demander une dérogation. Enfin, je m'arrangerai avec le gérant, et la directrice s'il faut, mais ça devrait lui faire le plus grand bien." Je lui avais dit en réfléchissant avant de la regarder s'aventurer sur le tronc.

Concentrée, j'avais regardé le duo passer l'obstacle au petit galop, sans aucune difficulté. C'était doux et fluide, et en même temps June se faisait tellement légère dans sa selle, c'était vraiment beau à regarder. Même le galop de travail fut un jeu d'enfant, ce qui me fit sourire. Clairement cette séance était un approfondissement de la découverte entreprise par June, et Kalif montrait qu'il avait la plus grande confiance en sa cavalière. La réception du galop allongé, en revanche, fut un peu plus compliquée : Le cheval avait attendu les indications de sa cavalière, et avait pris son appel au moment juste. Mais ayant eu besoin d'elle pour pouvoir prendre son appel, la réception fut difficile car il ne s'en remettait qu'à elle. C'était brouillon, et brut, mais a suffisait pour nous montrer ce que ça donnait. Elle revint vers moi au pas, et m'expliqua son point de vue, que j'écoutais avec attention.

" Oui, je pense qu'il faut seulement qu'il prenne ses marques, le reste devrait suivre assez naturellement." J'avais réfléchi à la suite du cours. Il nous restait encore environ trente cinq minutes et de toute évidence les sauts ne posaient pas de problème. La hauteur viendrait, avec le temps. Pour l'heure, nous devions apporter de la régularité. " Et si tu me montrais comment il évolue sur du dénivelé ? Vous avez déjà travaillé sur de l'endurance ? " La bonne nouvelle, c'est que le terrain se prêtait particulièrement à l'exercice. Une rivière à traverser suite à une descente de cinquante degrés. Je voulais voir comment ils allaient tous les deux gérer cet exercice. Evidemment June avait le niveau. Mais Kalif ? Saura-t-il se laisser guider ? C'est ce que nous allions voir ça de suite. " A vous. " J'avais dit, curieuse.

J'avais souris en voyant le beau Kalif se contenter d'aborder la rivière sans la moindre intention de la sauter. June l'avait donc passé au galop, et grâce à sa propriétaire l'Arabe avait réussi à sauter l'obstacle. J'avais hoché la tête et après leur avoir indiqué de repasser une fois la rivière pour être sûre que Kalif avait bien compris l'exercice, je les avais laissés revenir vers moi : " De toute manière, et de toute évidence, il s'agira de beaucoup de répétition avec lui. Le temps qu'il se familiarise avec les différents obstacles qu'il pourrait rencontrer sur un parcours de cross. " Et en parlant de découverte, il y avait un obstacle important à lui faire découvrir, et qui mettrait sa franchise, mais aussi sa confiance à l'épreuve. " Est-ce que tu dirais qu'il te suivrait n'importe où ? " J'avais demandé à June, avant de la guider (toujours en restant en dehors du parcours de cross) vers l'obstacle suivant. Une difficulté pour certains chevaux, une formalité pour d'autres. De quelle catégorie ferait partie Kalif ?

" Il va peut être hésiter, et tenter de te faire un refus. Et comme je ne veux pas que cette séance se passe mal pour lui, je ne veux pas que tu y alles si tu penses qu'il risque de garder un mauvais souvenir de cette séance. Mais si tu penses qu'il peut s'en sortir, alors allez y. A votre rythme. Pour celui-ci, je veux que vous soyez à l'écoute l'un de l'autre. D'accord ? " La hauteur était loin d'être un problème, mais certains chevaux ont parfois bien des difficultés à passer un obstacle qui se trouve à l'intérieur d'un "cerceau" et je sais que par exemple Wildfire refuse catégoriquement cette configuration. Voyons si Kalif en faisait de même.

Obstacle à passer

De justesse, j'avais regardé le couple observer l'obstacle nouvellement proposé. Kalif était hésitant au début, rien de plus normal pour un cheval abordant ce genre de bizarrerie pour la première fois. Et pourtant, c'était comme la scène s'était passée au ralenti. Le couple avait avancé vers l'obstacle, j'avais vu June encadrer comme il faut pour que Kalif comprenne que 1. il n'avait pas le choix et 2. elle irait sur cet obstacle, avec lui, quoi qu'il en soit. Finalement sans trop de difficulté le cheval avait traversé l'oeil formé par la haie sans trop de difficulté, et j'avais souris quand June m'avait avoué qu'elle était presque certaine qu'il aurait dérobé. J'avais haussé les épaules : " C'est toi le chef. Si tu sens que ce n'est qu'une question de confiance et que tu peux l'y emmener, vous passerez tous les obstacles un à un. Ensuite, plus qu'à ajouter la hauteur. Il a de la chance d'être tombé sur toi. " Je lui avais confié, sincèrement.

Puis je lui avais dit : " On va encore voir trois types d'obstacles différents, puis on fera une synthèse avec un petit parcours. Je pense qu'on restera là-dessus, pour ne pas trop lui en demander, qu'est-ce que tu en dis ? " J'avais ensuite scruté le terrain, me remémorant ce que nous avions déjà bossé, puis j'avais repéré ce qui m'intéressait. " Tu vois le piano là-bas ?" Trois marches, de 40 cm chacune, avec un saut de puce. " Tu as aussi une autre option. " Deux marches, avec une foulée entre chaque, 60 cm de hauteur par contre sur chacune des marches. " Choisis l'option que tu préfères, tu peux le passer soit au trot, soit au galop. Laisses lui bien baisser la tête en cas de besoin, et penses à accompagner. "

June avait donné du mou, et Kalif ne s’était pas fait prier pour le prendre. Il avait donc su apprécier cette marge en baissant bien l’encolure et j’avais regardé le couple évoluer à son rythme tranquillement. Ainsi donc, la brune avait décidé de s’élancer sur le piano à deux marches, un peu plus hautes certes, mais au moins il n’en présentait donc que deux, et le couple était confronté à un nombre réduit de difficulté finalement. J’avais pu découvrir un Kalif un peu hésitant, mais bien encadré il ne posa pas plus de questions que nécessaire. J’avais souris en le voyant franchir la seconde marche bien plus facilement, et quand June me dit qu’ils avaient déjà réalisé cet exercice je l’avais taquinée gentiment :

« C’est trop simple s’il connaissait déjà l’exercice non mais ! » Je fis, faussement choquée, avant de regarder le terrain de cross qui s’offrait à nous, pour chercher le prochain obstacle auquel ils auraient à faire face.

« Trouvé. » Je dis, en jetant mon dévolu sur le Trackenen. « Un obstacle de volée, qui va lui demander de la puissance. Il t’a fait confiance jusqu’à présent, maintenant c’est toi qui va devoir un peu t’en remettre à lui. Il va falloir que tu restes bien en équilibre, et que tu veilles à ce que lui aussi le soit, tout en ayant une foulée suffisamment puissante pour le passer. Il fait presque deux mètres de large, alors ce n’est pas du gâteau. Donc regard porté loin, impulsion, et un contact léger. Tu le laisses prendre son abord comme il le sent, il ne le sautera pas s’il ne le sent pas. »

Obstacle à passer

Consigne: Décris ton abord du Trackenen.
Décris l'attitude et le passage de Kalif.
Si tu as des questions, n'hésites pas.