PH - Ok'hami of Sunbeam

Cela faisait plusieurs heures que j’étais avec Quinn, qui était en plein travail. L’heure du poulinage avait sonné pour elle, et comme à chaque fois même si je faisais de mon mieux pour ne pas lui communiquer mon inquiétude et ma nervosité, je restais au taquet en cas de besoin. Cela dit, pour une première mise bas elle se débrouillait plutôt bien, et au bout d’un moment qui me sembla être une éternité on avait fini par apercevoir le début du poulain, qui s’était bientôt enchaîné par tout le reste de son corps. Un petit gris … J’espérais juste que ce petit ne porte pas le handicap de son père. Et en toute honnêteté une partie de moi avait juste une envie, faire un maximum de bruit pour voir si j’obtenais en semblant de réaction. Ce n’était cependant absolument pas le moment, j’en avais conscience. Cependant je n’avais pas le courage de laisser Quinn seule, alors une fois sûre que tout allait bien pour elle j’étais entrée dans le box, avant de m’asseoir contre la porte. « Fais comme si j’étais pas là ma puce. » J’avais dit à Quinn, tandis qu’elle m’avait regardé du coin de l’œil. Elle qui était d’ordinaire si câline semblait à présent très déterminée à protéger sa progéniture. Eh bien qu’elle se rassure, je ne comptais pas lui enlever. « Il est très beau ce bébé. » Le nouveau né avait commencé à essayer de téter, et sa mère lui avait donné un coup de museau pour l’aider à se mettre sur ses jambes, position qui serait plus aisée pour lui. De mon côté, je me retenais pour ne pas l’aider, mais je savais que je devais rester en retrait pour le moment. Alors je m’étais contentée de sourire doucement, contente que la mise bas se soit déroulée sans encombre. C’était déjà une excellente chose.

Quand j’ouvris les yeux, c’était déjà l’aube dehors, et je ne m’étais même pas rendue compte de m’être endormie. Cependant, quand j’essayais de me lever, je remarquais que ma cheville était bloquée, à cause d’une petite tête grise et blanche. Quinn, veillant sur sa progéniture, était juste à côté, mais le bébé s’était endormi sur moi, ce qui me fit sourire. Eh bien, si on pouvait faire plus adorable dans son genre… Cependant, j’avais le dos endoloris, les jambes toutes engourdies, j’avais besoin de me lever. Alors tout doucement j’avais reculé ma jambe droite, et le bébé n’avait alors pas manqué de se réveiller, me regardant comme s’il voulait savoir d’où provenait tout ce remue ménage. « Désolée bout’chou. » A peine avait-il entendu ma voix qu’il s’était levé sur ses jambes encore branlantes, me permettant d’apercevoir que c’était une petite femelle.

Je lui avais tendu ma main, et elle avait tendu l’encolure, avant d’y déposer son museau. J’avais souris, clairement je n’avais jamais connu une pouliche aussi adorable, à part peut être sa mère. Je ne m’étais par la suite pas gênée pour commencer à la manipuler un peu. Ce n’était pas mon genre de perdre du temps là-dessus, c’est ainsi que tout en lui parlant doucement, j’avais commencé à caresser son encolure, son dos, ses flancs, souriant à cause du duvet de bébé si doux qu’elle avait encore. Quinn était en train de surveiller la scène, attentive, et prête à réagir au moindre faux pas. Mais elle avait l’habitude de ce travail, après tout j’avais fait pareil avec elle à l’époque. « Tu es magnifique. Tout comme tes parents… » Je souris, et déposais un baiser sur son petit museau tout doux, et avais eu tout juste le temps de reculer quand elle avait … éternué ? « Ben alors ? »

Quinn m’avait poussé de sa grosse tête et j’avais râlé. « Eh, je sais que toi t’as pas eu de maman mais promis je vais pas te la manger hein. » Solstice l’avait malheureusement rejetée à la naissance, ne s’occupant que de son frère Halian, alors il est clair qu’elle n’avait pas eu d’exemple à suivre, mais se montrer sur protectrice de la sorte… « Je vais vous laisser profiter l’une de l’autre. Mais je reviendrai, ne crois pas que tu vas pouvoir te la garder pour toi toute seule. » J’avais déposé un baiser sur son chanfrein, lui ébouriffant le toupet. « Tout va bien se passer Quinn. Ne t’inquiètes pas. » Puis, j’avais caressé le dessous de la tête de la pouliche. « Et toi alors, qu’est-ce que tu dis de Ok’hami ? Ok’hami of Sunbeam, ça sonne plutôt bien, non ? » J’avais souris, et elle avait de nouveau éternué. Quelle étrange habitude. « Bon, tu veux pas que je t’appelles Atchoum ? Je crois que ça sonnerait beaucoup moins bien… » Et pourtant, la puce avait secoué la tête de haut en bas. Amusée, j’avais ajouté : « Non mais Oky’ c’est hors de question que je t’appelle Atchoum ! Imagines le jour où tu seras une championne digne de ta grand-mère, comment veux-tu que les gens te prennent au sérieux ? » J’avais doucement ri. Oui, j’étais totalement gaga de ce bébé. Ses parents avaient vraiment bien travaillé. Mais il était hors de question que je ne fasse pas les tests de santé pour savoir si oui ou non elle hériterait de l’handicap de Nomade. « Aller les filles, soyez sages. » J’étais sortie du box, et j’avais entendu un lourd ronflement de la part de Quinn. « Oui Quinny, ça vaut pour toi aussi ! »

Aujourd’hui, nouvelle visite à mes chevaux, après leur passage à tous chez le vétérinaire. Nous avions eu une épidémie de grippe équine, ramenée malencontreusement par Stone Cold. Heureusement que Riley avait pensé à l’emmener faire une visite de contrôle suite à son escapade. Le manège était à présent en désinfection intensive, et il ne ré-ouvrirait pas avant le 21 juin, le temps de l’aseptisation. J’avais été infiniment soulagée de voir que mes loulous n’avaient rien. Clairement, je ne m’en serais peut être pas remise. Ils étaient toujours tous ensembles, et Ok’hami était bien trop jeune pour pouvoir être touchée par ce genre d’épidémie sans s’en sortir correctement. C’était d’ailleurs elle que j’allais voir maintenant. A présent qu’elle était à l’aise sur ses quatre jambes, je m’étais perdue à la contempler évoluer dans le pré, trottant joyeusement entre sa mère Quinn, son oncle Halian, et son cher papa, Nomade.

« Ok’hami ? » J’avais appelé, sur un ton enjoué, comme pour lui montrer que je venais pour uniquement du positif. Dès lors elle avait redressé les oreilles dans ma direction. Il ne lui en fallu pas plus pour arriver au grand trot, sans aucune inquiétude. J’étais entrée dans le pré, et m’étais accroupie face à elle, tandis qu’elle me fonçait malencontreusement dedans. J’avais failli basculer en arrière, mais je m’étais rattrapée à son encolure en riant. Elle avait éternué dans mon cou, et ça n’avait arrangé en rien ma bonne humeur. « Bon, chérie le freinage il va falloir revoir ça. » J’avais dit, en lui gratouillant l’arrière des oreilles. Elle s’était alors mise involontairement à me chatouiller en me soufflant de l’air chaud dans les cheveux, dans le cou, et sur la joue. « Tu sais que tu es un petit clown toi ? » Je lui avais caressé tendrement le front, et puis je lui avais dit, tandis que Quinn nous regardait de loin. « Tu commences à être une grande, alors il va falloir commencer à travailler. » Et par travailler, je voulais en fait dire accepter la manipulation, et peut être même le port du licol, si elle s’en sort bien.

J’avais ainsi donc commencé par caresser son encolure. Cela n’était pas un problème puisque lors des premiers instants où nous nous étions rencontrées, je le lui avais directement fait, souhaitant ne pas perdre une seule seconde. Et de ce fait, elle n’eut aucune difficulté à me laisser caresser son encolure, la palper, la masser, avec des mouvements dans la longueur mais aussi en faisant des cercles. « On va adorer travailler toutes les deux si tu es toujours comme ça. » Je dis, alors qu’elle se laissait totalement faire, se contentant de me regarder de temps à autre. Cette pouliche était une petite merveille de la nature, mais n’ayant jamais travaillé avec des chevaux sûrs, je m’attendais à ce que son handicap ressorte du jour au lendemain. « Tu vois Okye, aussi longtemps que nous serons toutes les deux, tu auras uniquement droit à ce genre de caresses. Toute douces, toute pleines d’amour. » je dis en déposant un tout petit bisou sur sa joue. Elle avait l’air si paisible. Alors, je ne perdais pas d’avantage de temps en blabla, et décidais plutôt de continuer la manipulation. D’abord, mes mains passèrent légèrement au dessus de son garrot, sans véritablement m’y attarder. Puis elles prirent la direction de ses flancs, et de sa croupe, que je m’amusais à gratouiller, tandis qu’elle avait une manie étrange, qui consistait à secouer son postérieur droit au rythme des gratouilles. « Ben alors Okye ? On perd tous ses moyens ? » Je dis en riant, avant d’avoir une idée. « Qu’est-ce que tu dirais de rencontrer du monde ? » Je sortis mon téléphone, qui émit un petit « clic » quand je le déverrouillai. Elle cligna des yeux, et me regarda, en essayant de palper le téléphone du bout des lèvres. « Non mais chérie, ça se mange pas ça ! Crois moi ce serait pas cool sous les dents ! » Vraiment rien à faire avec l’herbe qu’elle commençait de grignoter de temps à autres. « Tu verras, Noa est un très gentil monsieur, et au cours de ta vie tu seras amenée à le revoir de nombreuses fois. » Je dis en souriant, caressant doucement son encolure. Elle était adorable, et je ne m’en lassais toujours pas. Même si je n’étais pas celle à avoir initié la saillie, je ne pourrais jamais regretter l’existence d’un poulain. « Je vais aller le chercher. Je reviens dans cinq minutes. » Je dis, en déposant un baiser sur son tout petit museau.

Je souris, et serrai la main de Noa en lui disant : « Merci d’être passé Noa. A plus. » Il avait hoché la tête, et s’était éloigné, me laissant avec la petite Ok’hami et son troupeau.

« Alors Princesse, c’était pas si terrible ? » Nous venions de passer trente minutes à lui apprendre à donner les pieds, et cela était plutôt rigolo à voir, car elle avait encore un équilibre un peu branlant, alors il ne fallait pas lui en demander trop, trop longtemps, mais elle s’exécutait sans trop de difficulté.

Ainsi, elle acceptait à présent la manipulation sur tout le corps. La tête n’avait pas posé de problème, elle était habituée aux caresses. Les oreilles n’avaient pas été un souci, elle adorait les chatouilles. L’encolure avait été un jeu d’enfant, elle s’était régalée de ses câlins. D’ailleurs, j’aurais probablement dû compter le nombre de fois où elle avait éternué ce soir, parce que très franchement c’était ridicule et en même temps tellement drôle… Je savais que jamais de la vie je ne pourrais lui refuser quoi que ce soit, mais que voulez-vous, elle était spéciale cette petite.

« Tu me montres comme tu sais bien faire ? » Je lui avais demandé, lui présentant la paume de ma main. Puis, j’avais commencé par la laisser glisser très lentement. D’abord du museau à sa joue. Puis de sa joue à sa nuque. Puis de sa nuque à son encolure. Puis de son encolure au garrot. Puis du garrot à son épaule gauche. De là, j’avais laissé ma main parcourir sa jambe, jusqu’à arriver à son petit sabot, minuscule. En un instant la puce me donna son pied, et je la remerciais oralement, avant de la laisser le reposer directement, ne souhaitant pas la déstabiliser inutilement. Cela fait, j’étais revenue à son épaule, et de là j’étais allée à son dos, caressant du bout des doigts sa colonne vertébrale. J’avais ensuite laissé ma main aller jusqu’à sa croupe, puis à sa cuisse, avant de descendre le long de sa jambe, jusqu’à son postérieur gauche. Là encore elle semblait avoir compris qu’il s’agissait d’une suite logique puisque j’étais à peine arrivée à son pied qu’elle me le donna, dans le calme et la plus grande quiétude qui soi. Une fois de plus je l’avais tendrement félicitée, puis mes caresses avaient remonté le long de sa croupe pour passer ensuite de l’autre côté, de sa cuisse à son pied arrière droit. Aucune encombre là non plus, et je souris. Même Quinn n’était pas aussi forte à son âge il me semble… Je terminais donc par l’antérieur droit, et une fois qu’elle me l’eut donné je l’avais félicitant, en caressant son encolure. « T’es une pouliche de compet’ en fait, c’est ça ? »

J’avais sautillé en reculant, lui proposant ainsi un petit jeu, et m’attirant directement un regard d’Halian. Forcément lui savait ce que ceci signifiait, mais lui n’était pas encore invité. « Tu viens ma puce ? » J’avais alors demandé à Okye, qui me regardait comme si j’étais folle. Et finalement elle m’avait rejoint, et j’avais donc continué de reculer plus lentement, pour lui laisser le temps de s’habituer. Cette fois, elle ne s’arrêta pas avant d’être devant de moi, et je la félicitais, caressant tendrement sa joue avant de reprendre l’exercice. Ben quoi ? Ne lui avais-je pas dit que nous allions travailler aujourd’hui ? « Voyons voir comment tu t’en sors. » Je lui dis comme sur un ton de défi, un sourire en coin sur les lèvres, mon regard ne quittant jamais le sien, avant de faire un pas en arrière. Bien entendu elle avait compris qu’elle devait rester près de moi autant que possible, et elle ne se fit donc pas prier. Il faut dire que pour elle c’est tellement naturel d’être près des Hommes, ça ne m’étonnait même pas qu’elle comprenne si vite et si bien. Alors, j’avais passé la vitesse supérieure et j’avais reculé en sautillant un peu, lui souriant pour l’encourager et lui donner de l’impulsion. Elle hésita, et je marquai donc plus mes petits bonds, jusqu’à ce qu’elle comprenne ce que j’attende d’elle, et qu’elle prenne le trot. « Hé super ça ma puce ! Trot’ter ! » Je lui avais dit, avec plusieurs claquements de langue consécutifs qui eurent le don de lui faire remuer les oreilles de manière totalement adorable. J’avais continué ainsi en ligne droite, puis sur une ligne courbe, slalomant dans le pré dans lequel tous ces joyeux lurons se trouvaient.

J’avais ensuite arrêté mon petit jeu pour la faire trotter, et elle avait collé sa petite tête contre mon torse, exigeant d’avoir quelques caresses. Ah les bébés, cinq minutes de concentration et c’est fini ! Soit, je ne pouvais pas lui en demander plus. Alors j’avais rejoint mon sac de pansage, et en avais ramené les trois brosses principales. Très clairement elle n’était pas encore très sale, mais je voulais lui présenter ces instruments de torture. J’avais donc commencé par l’étrille, et après lui avoir présenté, tandis qu’elle essayait de la palper avec ses lèvres, j’avais poussé sa tête pour lui faire comprendre d’arrêter ceci. Puis, je m’étais mise face à son épaule et j’avais fait un grand cercle, très léger, qui fit à peine se soulever la fine couche de poussière qui la recouvrait. D’ailleurs, elle finit par se décaler car mine de rien, elle avait beau être très volontaire, et adorable, le contact d’une brosse était quelque chose d’inédit pour elle, et donc de potentiellement inquiétant. Je n’avais cependant pas cédé et j’avais continué à tracer ce cercle, et les suivants, jusqu’à ce qu’elle arrête de bouger, comprenant qu’en fait non, l’étrille ne voulait pas la dévorer !

J’étais ensuite passée au bouchon, et même démarche. On lui fait renifler, et quand elle est ok on passe au brossage, jusqu’aux pieds. D’ailleurs elle me fit rire quand elle me donna son sabot, mais je le lui reposais par terre tout doucement. Les sabots faisaient bien partie du pansage, mais ça n’était pas pour tout de suite. Non pour l’heure je continuais le brossage, tranquillement mais sûrement, et quand elle arrêta d’essayer le contact de la brosse je la félicitais, en finissant tout de même avec le bouchon. Tant qu’on y est … « C’est très bien ça ma chérie. On fait une pause si tu veux. » Je dis en reposant la brosse, puis je fis un pas en arrière, pour l’inviter en arrière, ce qu’elle fit la tête basse. Je déposai un petit bisou sur son chanfrein, puis je déposai ma main sur son poitrail, avant d’y exercer une petite pression discontinue, à laquelle elle décida de résister dans un premier temps. Je n’avais donc pas perdu de temps et ma demande s’était faite plus forte, plus décidée, beaucoup plus sans appel aussi. Cette fois elle finit par reculer, et dès lors j’avais cessé ma demande. « Parfait ma belle, Back ! » Je lui avais dit en insistant sur l’ordre désignant le recul. J’avais souri, et avais ensuite pris ma brosse douce. « Tu vas voir, celle-ci est toute douce. C’est celle spéciale câlins. » Oui, plus ou moins, mais que voulez-vous elle n’était pas encore fan de pansage alors il fallait bien que je lui apprenne à l’apprécier !

Ainsi, j’avais commencé par effleurer doucement son encolure, puis j’étais passée sur tout son corps sans trop de problème. J’étais ensuite venue devant sa petite tête, et j’avais mis ma main gauche sous son menton, dirigeant lentement ma brosse douce vers ses joues, pour commencer. Au premier contact elle s’ébroua, et recula, avant de revenir d’elle-même, comme si elle s’était ravisée. Alors je l’avais doucement caressée, tandis que ma brosse douce nettoyait tout doucement sa jolie petite tête. Bien entendu cependant, un pansage n’en était pas un tant qu’elle n’avait pas eu les pieds curés. Alors je lui avais présenté mon cure pied, et j’avais commencé par faire glisser ma main le long de sa jambe, effectuant une infime pression sur ses tendons pour qu’elle me donne son pied. Elle commençait à en avoir un peu marre, je le sentis quand elle ne se gêna pas pour laisser peser son poids sur moi, pendant que je donnais des coups de brosse très délicats sur son sabot de poulain, aussi ridiculement petit et adorable qu’elle. Cela fait, j’étais passée à la suite, puis aux deux autres pieds, avant de lui ficher la paix une bonne fois pour toute pour ce soir. J’avais sorti une pomme de mon sac, et je le lui avais tendu, sachant pertinemment que c’était la première qu’elle voyait. J’avais croqué dedans pour lui montrer la marche à suivre et elle avait donné un gros coup de langue dedans, avant de finir par croquer une petite bouchée, qui ne tarda pas par précéder une bouchée beaucoup plus importante. Cela fait, je lui avais dit : « Aujourd’hui tu as découvert le pansage. Demain, petite balade en dehors de ce pré. » Je dis en souriant, déposant un petit bisou sur sa truffe, avant de les laisser tranquille pour ce soir.

Comme promis, j’étais bien vite retourné au pré de la grise, et lorsque j’étais arrivée j’avais eu droit à un petit hennissement joyeux, qui me fit sourire. « Bonjour à toi aussi Princesse ! » J’avais dit, en sortant mon licol taille poulain de mon sac. « Et si on allait faire une balade avec maman ? » J’avais proposé tandis que Quinn arrivait.

Pour commencer cependant, un bon pansage n’était pas une option. Je n’allais certainement pas la laisser s’en tirer comme ça. Alors j’avais commencé par vérifier qu’elle se souvenait de nos exercices d’hier. On accepte les manipulations de toutes les parties du corps, on lève, baisse, et tourne la tête au besoin, mais également on donne les pieds, les uns après les autres, sans pousser le bipède qui nous sert de propriétaire. N’est-ce pas Jumanji … pardon, je m’égare.

Une fois que j’eus vérifié qu’elle acceptait mes mains donc, j’avais commencé le passage des différentes brosses. Lorsqu’elle s’agitait je continuais, et quand elle s’arrêtait je la laisser respirer. Tout ça pour réussir à lui montrer que « ne pas se battre contre maman, c’est cool ! » Bien évidemment, je n’étais que sa maman humaine, mais nous aurions tellement de choses à accomplir toutes les deux que je pense pouvoir dire qu’elle peut m’accorder ce titre. Au final, quinze minutes après le début du brossage, elle s’était souvenu de comment ça marche, et elle avait fini par capituler totalement. Je l’avais donc largement récompensée en caresses, tant et si bien qu’elle venait presque réclamer la brosse à la fin. Même le curage des pieds avait fini par passer. Comme quoi avec de la patience tout fini par arriver, suffit de savoir prendre le temps. Bien sûr nous allions franchir une nouvelle étape avec le licol, ça n’allait pas être de la rigolade non plus …

« Bon, alors regardes Okye. » Je lui dis, en lui montrant le licol. Je lui avais donc expliqué où se plaçaient chacune des parties, et ce faisant, j’avais profité qu’elle soit occupée à m’écouter pour pouvoir m’approcher, lentement, pas après pas. Puis, je m’étais placée à côté de son épaule, et lui avais présenté le licol, pour qu’elle n’ait plus qu’à glisser la tête dedans. Elle l’avait reniflé, et avait semblé le palper avec ses petites quenottes. Quoi ? Ca aussi ? Mais ma parole elle pense vraiment qu’elle va s’en sortir comme ça ? « Regardes, on va commencer tout doucement. » Je dis, en faisant glisser très délicatement le licol sur son encolure, juste pour qu’elle s’habitue au nylon. Elle avait eu un frisson mais avait fini par souffler, les naseaux fumants. Je lui avais alors passé la têtière, et elle avait secoué la tête, comme pour essayer de s’en débarrasser. Tout ce qu’elle réussit à faire cependant, c’était du bruit avec les boucles de métal, mais rien de plus. Elle avait baissé la tête, et lui avais donc enfilé la muserolle en un instant, doucement mais sans perdre de temps pour la laisser respirer tranquillement une fois cela fait. J’avais ajuste la têtière, et avais ensuite reculé, pour la voir essayer d’enlever son licol. D’abord avec son antérieur, puis elle était venue frotter sa tête contre la barrière et en dernier recours elle était allée voir Quinn. Bien sûr sa mère ne trouva rien de gênant au fait qu’elle porte un licol alors elle l’avait laissé avec, livrée à elle-même, la pauvre ! « Okye, ma puce, tu viens me voir ? » Je lui avais proposé, pour la distraire de sa préoccupation.

Elle m’avait regardé, comme si elle avait réfléchi, et puis elle avait trotté jusqu’à moi. Il m’était alors venu une idée, et je m’étais placée à son épaule, tandis qu’elle se demandait ce que je faisais. J’avais donné un coup de langue pour la faire avancer au pas, marchant en même temps qu’elle et plaçant mon bras pour qu’elle ne me dépasse pas, et j’avais ensuite prononcé un « Whoa » pour la faire ralentir, et s’arrêter. Heureusement que mon bras était là pour l’empêcher de s’arrêter, car elle n’avait pas directement compris ma demande. Cependant, ça ne faisait rien. A son âge il n’était pas primordial qu’elle comprenne tout du premier coup. En revanche, il était important qu’une fois la leçon apprise elle s’en souvienne. Alors j’avais travaillé là-dessus. On marche, on s’arrête. On s’arrête, on marche. Au bout d’un moment, et de pas mal de persévérance, elle n’avait plus eu besoin de mon bras pour se souvenir qu’elle devait s’arrêter, et c’était à cet instant que je lui avais proposé de passer au trot, en donnant plusieurs coups de langue consécutifs. J’avais de nouveau trotter à son allure, et tandis que nous courions ensembles, elle avait éternué, la forçant à s’arrêter, ce qui m’avait bien évidemment bien faite rire. Elle était tellement adorable cette petite, comment ne pas rire face à ça ? « Bah alors Princesse, on a été trahie par sa bonne humeur ? Tu vois que tu commences à t’y habituer finalement ! » Je dis en souriant, avant de déposer un petit bisou sur sa truffe. J’avais ensuite demandé le pas à nouveau, suivi directement par un départ au trot. Quelques secondes plus tard, arrêt, nouveau départ au pas, arrêt, départ au trot. Finalement, malgré son éternuement elle avait plutôt bien compris l’exercice, et je caressais tendrement son encolure, avant de lui dire : « Je crois que tu l’as bien méritée cette promenade. »

Quinn venait d’arriver près de nous, et je décidais donc de faire un essai. Bien sûr, n’étant pas folle j’avais pris la longe du licol avec moi, mais j’allais tenter de ne pas attacher Ok’hami. De toute façon un jour ou l’autre elle finirait en liberté. Autant en profiter de la présence de sa mère pour lui donner encore moins envie de se sauver. Nous sortions donc du pré, et je décidais de commencer par un petit tour de l’académie, qui lui permettrait d’apercevoir de loin (pour le moment) nos installations. Je remarquais cependant rapidement qu’elle n’avait pas l’air sereine alors, par pure mesure de précaution j’avais rattaché la longe à son licol, ne souhaitant pas avoir une fugue de poulain sur les bras. Et finalement, lorsque la porte d’un box s’ouvrit non loin, grinçant au passage, je m’estimai heureuse d’avoir rattaché la puce, puisqu’elle m’offrit un violent écart, la longe me brûlant au passage la paume, tandis que je serrai les dents. Quinn s’arrêta, à côté de sa fille, comme pour la protéger. « Tout va bien Okye, regarde, c’est juste un copain qui part se balader. » Je dis, en lui montrant le cavalier sortir ce qui ressemblait à un Holsteiner. Bon, peut être pas en balade, mais ça suffira comme explication. J’avais donc attendu qu’elle se calme, restant tout près d’elle, et caressant son encolure pour l’aider à se calmer. « Tout va bien. » A cet instant, je su qu’elle allait devoir travailler en extérieur pour y être sereine, mais que pour le moment nous avions des progrès à faire. Je décidai donc d’aller vers une zone plus calme, et emmenais les filles près de la carrière, où Riley était apparemment en train de donner un cours de saut. Si Ok’hami n’en eut rien à cirer, Quinn ne fut pas la même chose. Elle gratta le sol, et je fus obligée de lui lancer un regard noir pour qu’elle se calme. « C’est pas le moment de réclamer à passer des barres Quinn. » Je dis sur un ton sans appel, la princesse relevant la tête comme pour demander ce qui se passait, et pourquoi je râlais sur sa maman. De mon côté, je me reconcentrais sur la petite, après avoir été sûre que Quinn ne tenterait rien de stupide comme essayer de sauter la barrière de la carrière pour rejoindre le cours. Très clairement, elle aurait du mal à y arriver puisqu’il y avait facilement minimum 1m30, mais avec elle et ses capacités, je me méfie de tout. « Aller, je crois que ça va suffire pour aujourd’hui. » Je finis par dire, pour permettre à Quinn de faire cesser cette torture qui l’attirait tant.

Sur le chemin du retour je donnais des claquements de langue pour faire trotter les filles, et je souris lorsqu Okye s’exécuta. Elle apprenait vite, et même si elle était nerveuse dans les milieux inconnus, une fois son esprit occupé elle n’en avait plus rien à faire. Classique. Arrivées au pré, je les fis ralentir, et retirai le licol de la puce après l’avoir faite rentrer dans le pré. Quinn retourna directement à Nomade, comme si elle était vexée, et Ok’hami, elle, était restée près de moi. Je lui avais donné un petit coup de brosse, délicatement, en alternant brossage et papouilles, appréciant tout particulièrement ce genre de moment. De son côté, elle ne pouvait s’empêcher de rechercher mon contact, et ce n’était vraiment pas discret, la pauvre ! Ses pieds faits, je lui avais déposé un petit bisou sur le bout de son museau, et caressant sa joue j’avais dit : « Si tu es sage, la prochaine fois, ce sera balade avec Papa, alors pas de bêtise ! »

Ce matin, en allant chercher le courrier avant de partir à l’Académie, je vis une enveloppe avec le cachet de la clinique vétérinaire nationale. Nous avions enfin fait tester Ok’hami, un an et demi après sa naissance, et ce courrier annonçait probablement les résultats des analyses. Je m’étais donc empressée de le lire, et découvris : « Madame Layne, après analyses de l’ADN de votre pouliche Ok’hami of Sunbeam il apparaît clairement qu’elle n’est porteuse d’aucun gêne SW, conduisant à la surdité progressive des chevaux porteurs. Elle est donc saine et pourra avoir une vie sainte, exempte de tout handicap. Pour des questions plus approfondies, n’hésitez pas à nous recontacter. Bien à vous, Dr Helena Blancket. » Souriant, quelques larmes de joie s’étaient mises à rouler sur mes joues, alors que j’étais incroyablement soulagée. C’était clairement tout ce que j’espérais, et je n’allais pas perdre une seule seconde de plus avant de rejoindre l’heureuse élue.

« Okye ? » J’avais appelé, en arrivant au pré que la jeune jument partageait avec ses deux parents. « J’ai une excellente nouvelle ma puce. » Je lui avais annoncé, tandis que mes mains parcouraient tendrement son encolure. « Tu n’auras jamais le même souci que Papa. » Bien entendu elle ne savait pas ce que cela signifiait, mais quand elle cala sa tête sur mon épaule, je souris. Jamais plus je n’aurais à m’inquiéter de savoir si oui ou non elle allait m’entendre l’appeler le lendemain. Les tests avaient été une étape si importante pour moi que j’avais presque mis en pause son débourrage. Cela ne signifiait bien sûr pas qu’elle avait régressé, mais plutôt qu’elle n’avait pas forcément progressé. En tout cas la marche en longe, le pansage, et la manipulation complète étaient ok, et nous allions donc pouvoir continuer sur notre lancée aujourd’hui même.

« Alors ma belle, serais-tu finalement prête à devenir une grande ? » Je dis, en caressant sa joue. Puis, je commençais le pansage. Au début elle détestait ça, mais à présent elle s’y était tout bonnement habituée. Faut dire que c’est rien de sorcier : Un coup d’étrille, un bon coup de bouchon, et un bon coup de brosse. « J’espère que tu seras aussi agréable que ta maman à travailler en tout cas, ça nous faciliterait grandement la tâche comme tu peux certainement t’en douter. » Je souris, et me dis qu’elle était bien parmi les seules de mes juments à me faire cet effet. Il faut dire qu’elle était tellement expressive… Je curais donc ses pieds, et cela fait je lui passais son licol avant de lui dire : « Et si on allait découvrir le rond de longe toi et moi ? »

Elle me suivit dehors, et l’avantage depuis qu’elle avait grandis, c’est qu’elle considérait au moins l’enceinte de l’académie comme un lieu sûr. Faut dire que nous en avions passé du temps ici ! Entre les séances où elle m’accompagnait pendant que j’étais en train de travailler sa mère, et qu’elle m’accompagnait, et celles où nous faisions du travail en liberté dans la carrière, elle s’était accommodée à l’académie, et aujourd’hui elle n’avait plus peur, même des gros tracteurs effrayants qui ramènent des bottes de foin ! Si ça c’est pas du progrès ! D’ailleurs, c’est suite à toute cette progression que je me demandais ce qui pouvait bien attirer son regard quand elle s’était arrêtée. Quelle ne fut pas ma surprise quand je découvrir que son regard s’était en fait porté sur une cavalière, et visiblement son étalon, que Ok’hami reluquait ouvertement. « Non mais tu crois pas que t’es un peu jeune pour ça ?! » Je demandais, faussement choquée, et plus amusée qu’autre chose. « Aller viens donc. » Je lui avais dit, puis nous étions arrivées dans le rond de longe.

Là, je l’avais détachée, et elle s’était éloignée le temps de faire le tour du propriétaire. Cependant, elle était bien vite revenue, comme si elle attendait mes instructions. « Comment j’ai pu douter de toi, hein ? » Dire que j’avais regretté tout ce temps le saillie qui avait été à son origine… « Tu es parfaite comme tu es Okye, ne changes jamais, promis ? » Je lui avais demandé, en caressant tendrement son encolure, tandis qu’elle fermait les yeux. J’aimais beaucoup ce genre de moment, où uniquement la présence de l’une et l’autre nous suffisait. Elle était hors du commun comme jument, et j’étais très fière d’être à l’origine de la lignée de sa mère.

Mais puisqu’elle était en train d’attendre mes instructions, nous allions commencer de suite le travail. L’avantage avec le sidepull, c’est que ça n’était pas vraiment différent d’un licol. Pas de mors, donc pas de réticence de la part du poulain à ce sujet, ça n’était vraiment pas plus mal. J’avais donc commencé par lui enfiler le sidepull comme si de rien n’était, et grâce à cette façon de faire elle n’avait pas vraiment remarqué le subterfuge, ce qui m’avait faite sourire. Les seules différences entre un sidepull et un licol, quand on y regarde bien, la matière, la têtière, légèrement différent donc, mais pas suffisamment pour que Ok’hami ne remarque vraiment quoi que ce soit qui cloche. « Et maintenant les rênes. » J’avais dit, en commençant par les accrocher au sidepull. Au final, rien de bien compliqué pour elle. Elle n’aurait sûrement pas fait la même tête si je lui avais présenté un filet, avec un mors donc.

J’avais donc commencé le travail avec les rênes, et d’abord en lui montrant la rêne d’ouverture vers la droite. Au début il avait fallu que j’insiste sur la demande, elle ne savait après tout pas ce que j’attendais, alors je n’avais pas à lui en tenir rigueur. Tout ce qu’elle avait à réussir (et elle s’en sortit très bien), fut de tourner avec de moins en moins de main. Au bout d’un moment, à peine ma main se dirigeait vers la droite, que sa tête faisait la même chose. C’était tout bonnement fascinant. Et d’ailleurs, elle fit bien évidemment la même chose de l’autre côté, maintenant qu’elle avait compris l’exercice. La meilleure cette petite jument ! Je réussis même à lui faire toucher son bidou avec le bout de son museau ! (Bon, presque, je vous l’accorde !)

Cela fait, je l’avais faite marcher au pas, avec un claquement de langue. Elle était habituée à cet exercice depuis toujours, puisque j’avais commencé cet exercice quand elle n’était qu’une petite pouliche, et nous l’avions toujours continué, tant et si bien que ni ça, ni les arrêts ne posèrent problème. « Super ça ma belle, c’est vraiment très bien ! » Je l’avais ensuite faite trotter, tandis que je lui demandais des changements de direction, tantôt à gauche en rêne d’ouverture, tantôt à droite en rêne d’appui. Et le mieux dans tout ça, c’est qu’elle prêtait attention à mes demandes, alors même qu’elle commençait à en avoir marre. Inutile de dire que je n’avais pas insisté, ne voulant pas la stresser inutilement, alors que nous avions tout le temps devant nous !

« Rentrons ma belle, tu as très bien travaillé aujourd’hui, c’était génial ! » Je souris, en déposant un petit bisou sur sa joue.