OI - Wild Fire

J'avais ouvert les yeux, réveillée par ce mauvais rêve, comme d'habitude. Toujours le même en ce moment. Il faut dire que les circonstances s'y prêtaient, et ce n'était ni la présence d'Aaron à mes côtés, ni même celle de Dolce, qui pouvaient m'aider en cet instant. En effet, je n'arrivais pas à me débarrasser de cette douleur, mais cela était bien compréhensible quand on y pense...

Je m'étais levée, avait enfilé des vêtements propres, près du corps, et sans réveiller mon prince charmant, j'avais enjoint ma chienne à me rejoindre. Ce faisant, je lui avais passé son harnais, Dog Copenhagen. J'avais ensuite récupéré sa laisse, puis je lui avais proposé d'aller rejoindre mon étalon, Wildfire. Le seul qui me permettait de me vider la tête dans ce genre de moment. J'avais, avant de partir, déposé un mot sur la table, afin qu'Aaron ne se pose pas de mes questions sur mes agissements : "Suis allée rendre visite à Wild, rentrerai vite."

J'avais ensuite pris la direction de l'académie, et rapidement, du pré. Ma chienne sur mes talons, distraite comme à son habitude. Le soleil commençait doucement à pointer le bout de son nez, au loin, et donc nous n'avions encore croisé personne à cette heure-ci. Cela me faisait du bien de respirer l'air frais du matin, et de laisser le froid me mordre les joues. Et cela me fit encore plus de bien de voir mon beau Wildfire, dans un coin de son pré, m'accueillir en secouant la tête de haut en bas. J'avais eu un sourire triste sur les lèvres, avant de m'accroupir un instant vers Dolce. "Je compte sur toi pour être sage ma belle." Les Samoyedes pouvaient parfois être un peu tête en l'air, mais j'avais de la chance avec elle, puisqu'elle avait tendance à errer dans les parages lorsque je la lâchais.

J'avais donc reporté mon attention sur mon pie, qui avait continué d'avancer tranquillement vers moi. J'avais passé la barrière de son pré, et l'avais rejoint en quelques pas. S'il avait d'abord souhaité me saluer un peu brusquement, j'avais ensuite serré sa grosse tête contre moi, fermant les yeux lorsqu'il avait laissé échapper un long soupir. J'en avais fait de même, et avais fini par lui raconter ce qui se passait, pourquoi j'étais dans cet état, sachant pertinemment qu'il devait sentir que quelque chose n'était pas tout à fait normal.

"Ma Maman est malade, Wild... Je ne suis pas très proche d'elle, comme tu peux le savoir. Après tout, c'est vrai quoi ? Elle n'est pas tout à fait convaincue par mon mec, elle n'est pas du tout convaincue par toi, et je ne suis même pas sûre qu'elle soit un tant soi peu convaincue par Dolce !" J'avais eu un petit rire triste en regardant la petite blanche qui se fichait totalement qu'on parle d'elle, avant de reprendre. "Mais je ne sais pas ... Je suis habituée à la voir s'inquiéter pour moi quotidiennement. L'habituer à l'entendre râler parce que, je cite "cet étalon pourrait te tuer s'il le décidait", tu sais qu'elle parle de toi pas vrai ?" Je lui avais ébourriffé le toupet. "Et chaque jour, je me réveille avec le même cauchemar. Celui où je lui dis au revoir. Celui où je tire un trait sur cette partie de ma vie à ses côtés. Celui où je regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec elle. Pourtant, que serais-je censée faire ? Ou dire ? Je ne suis plus sa petite fille chérie, et je pense qu'elle a conscience que je m'éloigne d'elle, tout doucement... Elle sait que je vole de mes propres ailes, et que je n'ai que faire de ses conseils, mais crois-tu qu'elle sait aussi que ce n'est pas pour aller à son encontre ? Que je souhaite juste être indépendante, et ne pas avoir besoin d'eux ?" J'avais laissé échapper un soupir un peu plus long, ma main glissant doucement le long de l'encolure de mon pie. "Et si on allait se balader?"

Il m'avait de nouveau doucement bousculée, mais je savais que c'était sa manière d'approuver ma proposition, alors j'étais allée chercher mes affaires de pansage, et lorsque j'étais revenue à ses côtés, je l'avais trouvé en train de jouer avec Dolce, pour mon plus grand plaisir. Cela étant, il s'était bien vite ressaisi lorsque je l'avais rejoint, comme s'il souhaitait que je ne vois pas cette facette de lui. J'avais secoué la tête, face à cette pensée, et l'avais rejoint pour commencer son brossage. Comme d'habitude il en avait bien besoin, et clairement parfois je me disais que ce n'était pas parce que je l'avais débourré peu à peu qu'il avait appris à bien se tenir. Faut dire qu'en vivant au pré, il était prévisible qu'il se roule dans la boue à ses heures perdues...

"Et voilà, propre comme un sou neuf !" J'avais déclaré, une fois le pansage terminé. Puis, je lui avais passé une cordelette au tour du cou. Je l'avais guidé en dehors de son pré, avant de grimper sur son dos, à cru. "Tu viens avec nous Dolce?" J'avais proposé à la Sam', alors occupée à grignoter un morceau de bois. J'avais tendrement caressé l'encolure de Wild, puis avais doucement enclenché le pas, à l'aide d'une petite pression des mollets.

J'avais su apprécié cette balade à sa juste valeur, et voir ma blanche se défouler en même temps que mon étalon me faisait le plus grand bien. Cela m'éloignait un peu de la réalité, et des soucis qui pouvaient me tracasser en ce moment. Pile ce dont j'avais besoin. Nous n'avions croisé personnes, à croire que les gens étaient tous confinés chez eux ... "Qu'y a-t-il Wild ?" Il avait redressé la tête, les oreilles bien en avant, aux aguets, et c'est là que j'avais remarqué que Dolce avait disparu de mon champ de vision. C'est là, que j'entendis un aboiement bien distinct, au loin. Ma réaction ne s'était pas faite attendre, et j'avais enjoint Wild à rejoindre la petite chienne, au galop. "Dolce !" En arrivant, je l'avais découverte, la truffe plongée dans un terrier de lapins. Probablement avait-elle essayé de s'en faire un, mais celui-ci était parvenu à détaler à temps ...

"Ah ces Nordiques .... Dolce !" Je l'avais de nouveau interpellée, même si je savais bien que lorsqu'elle était dans cet état, il y avait peu de chances de réussir à la raisonner... J'avais donc mis pied à terre, et avait enjoint Wild à rester là, le temps que je puisse récupérer ma chienne. "On en avait déjà parlé, non ?" J'avais attrapé son harnais, et l'avais reculée du terrier. Elle avait très envie d'y retourner, et je savais que c'était bien plus fort que sa propre volonté. C'était son instinct qui parlait, et à moins qu'elle ne daigne décrocher de sa piste, il n'y aurait pas moyen de la raisonner. Alors, j'avais partagé un regard à Wild, l'enjoignant à garder son calme, avant de me hisser sur son dos, juste après y avoir déposé la blanche. "J'espère qu'elle n'est pas trop lourde pour toi mon beau, elle a récemment fait un régime j'te jure !"

Mes mains dans les poils de la Samoyede, j'avais fait faire demi-tour à mon étalon, et nous étions rentrés lentement rentrés à l'académie. J'avais eu bon espoir pour cette balade, mais il faut croire qu'elle se finirait sur de la frustration pour tout le monde. J'avais laissé échapper un soupir à cette pensée, avant de fermer les yeux. Une seconde, juste une fraction de seconde. Avant qu'une léchouille de ma chienne ne me ramène à la réalité. "Ca y est, tu es de nouveau toi-même ?" J'avais demandé, souriant doucement en caressant sa joue. Wild était exemplaire dans ce genre de moment. Il n'avait jamais bronché quand je lui mettais Dolce sur le dos, même si j'avoue qu'elle n'est clairement pas chiante dans son genre. Elle se couche et ne bouge plus. Je la soupçonne d'ailleurs de ne pas être très à l'aise là-haut ...

Arrivant au domaine, j'avais repéré une silhouette masculine près du pré de Wildfire, et comme à son habitude, mon coeur avait loupé un battement en le voyant... "Regardes Dolce, c'est Papa." Immédiatement, la petite chienne avait relevé la tête, vérifiant les informations que je lui fournissais, mais c'était Wildfire qui m'avait le plus surprise, puisqu'il avait pressé le pas. Je lui avais alors demandé un arrêt, et avais laissé descendre Dolce, avant de mettre pied à terre. J'avais ensuite retiré sa cordelette à Wild, et lui avais dit "Je t'en prie, va donc le rejoindre." Et il ne s'était pas fait prier !

Dire que nous étions partis de si loin, lui et moi. Et aujourd'hui, en apercevant Aaron, il filait droit vers lui, pour la simple et bonne raison qu'il était heureux de le voir. J'appréciais tout particulièrement ce genre d'instant, insouciant, qu'il avait parfois. Comme s'il oubliait tous ses tracas, en notre présence... J'aimais cette pensée, et c'était finalement avec le sourire que j'avais terminé cette visite.