Un peu de calme avant la tempête

La nuit avait été tellement longue et lourde en terme de température que la demoiselle était sur le point de faire son entrée avec des cernes d'un bleu aussi profond et sombre que celui de l'océan. Elle n'était pas du genre à se soucier du jugement d'autrui mais là, elle-même se faisait pitié. La première chose qu'elle ferait en arrivant ? Dormir encore quelques heures.

Lorsque le taxi déposa Taïs devant le portail de l'académie, lieu qu'elle avait demandé afin de la faire marcher un peu pour prendre l'air, elle ne fut ni surprise ni déçue. Les bâtisses étaient conformes à la brochure vue sur internet et elle était presque familiarisée avec les alentours. Ce long chemin parfaitement entretenue qui l'a mènerait vers un quotidien différent de celui vécu jusqu'alors, l'a faisait quelque peu angoisser. Elle n'angoissait pas pour des raisons futiles comme "allait-elle se faire des amis" ou encore "allait réussir à trouver son rythme" non, tout ça elle connaissait déjà les réponses. Se faire des amis n'était pas son objectif premier et cela ne l'affectait pas et son rythme elle allait le découvrir rapidement comme elle l'avait toujours fait. Cependant, elle se questionnait sur sa propre personne. Les chevaux qu'elle sortirait en travail ou en courses seraient-ils suffisamment satisfaisant pour elle en tant que jockey ? Allait-elle retrouver ce lien indescriptible qu'elle avait pu avoir autrefois avec cette grise ? Ca elle en doutait fortement. La distance la séparant de sa nouvelle vie se réduisait à vue d’œil et lorsqu'elle arriva au point de non retour, c'est naturellement, et en suivant une logique que seule elle pouvait comprendre, qu'elle se dirigea vers le bâtiment principal. Elle allait devoir s'annoncer afin qu'on la guide jusqu'à sa chambre. Oui, elle avait préféré prendre une chambre au sein du haras plutôt qu'un appartement en ville. Après tout, elle n'était pas là pour faire des folies mais pour travailler les chevaux de courses. Il était donc logique encore une fois qu'elle soit directement sur les lieux.

| Bonjour. Je suis Taïs, la nouvelle jockey. Je viens pour voir quelle chambre je vais occuper. |

La demoiselle qu'elle avait en face s'agita un peu dans son siège, sûrement suite au regard noir et sans vie que lui jeta Taïs. Elle farfouilla sur son bureau puis clapota sur son clavier d'ordinateur avant d'indiquer à la française le numéro de sa chambre. D'un sourire à peine forcé, Taïs remercia la demoiselle puis, d'un pas nonchalant, pris la direction qu'on lui avait indiquée.

C'était désormais le temps de l'installation et de la prise de repères. Et encore, elle pourrait le faire qu'après s'être remise en selle.