Les démons à l'intérieur de moi.

Messages : 29 Date d'inscription : 12/05/2018

« Les démons à l'intérieur de moi. »

HAAAA! PAPA! HECTOR! RESTEZ AVEC MOI! NE ME LAISSEZ PAS... NE ME LAISSEZ PAS SEUL... PAPA... HECTOR...
Je me réveille au moment où je me cogne contre le mur de ma chambre... Je suis en sueur, j'ai les cordes vocales en feu, je suis affolé. Je cherche partout autour de moi, je m'agrippe au mur comme si j'étais de nouveau sur le champ de bataille... comme si le sang était encore sur mes mains... comme si je voyais encore les corps inanimés de mon frère et de mon père... Soudainement, je suis pris d'une remontée de bile. J'ouvre la porte à la volée, celle-ci claque bruyamment en se refermant derrière moi et me jette dans la salle de bain, prend le temps de fermer à clef la porte avant de vomir mes tripes... ces images affreuses qui me reviennent en tête...

Heureusement qu'Opale et Roma ont l'habitude de ça, car sinon elles auraient fait comme Ibiza, la husky de Kiara : elle s'est jeté à la porte de la salle d'eau en aboyant sans relâche... je lui ai fait peur il semblerait, mais c'est le moindre de mes problèmes... je tremble encore, je suis en sueur... je jette un coup d'oeil au miroir... Je suis pale, de la bave et du liquide infecte dégouline de ma bouche, les larmes ruissellent sur mes joues et la morves me coule du nez... je suis laid, faible et je fais pitié. Je me fais honte...

J'arrive plus à me contrôler et m'effondre en larme au dessus de la cuvette des toilettes...

La nuit précédente, je suis rentrée tard. Les choses se passaient plutôt bien en ce moment au domaine, mais de ce fait je n’avais que très rarement une seconde à moi, et entre mes obligations professionnelles et le débourrage d’Ok’hami qui avançait tranquillement, je n’avais pas le temps de me reposer un instant ces derniers temps.

Alors forcément en rentrant j’étais allée directement me coucher. 00H14, et je n’avais même pas croisé Tomas. Nous revenions de notre dernière balade du soir avec Ibiza, et je lui avais laissé la porte de la chambre ouverte, pour qu’elle ne se sente pas enfermée. Bien entendu, elle descendait rarement du lit sur lequel elle dormait avec moi, mais je voulais avant tout qu’elle se sente à l’aise.

Au beau milieu de la nuit, des aboiements discontinus me parviennent aux oreilles et me tirent de mon sommeil, déjà bien mouvementé comme ça. Je regarde l’heure sur mon téléphone. 04H32. Bordel mais qu’est-ce que c’est que cette histoire. « Ibiza. Ca suffit ! » Je gueule un coup, les sourcils froncés, et soupire dans mon oreiller.

Elle baisse les oreilles, mais ne revient pas ici, ce qui est d’ailleurs assez étrange. Comment Gabrielle réussit-elle à ne pas être réveillée avec tout ce remue ménage ? Je finis par me lever, et remarque que Ibiza fixe la porte de la salle de bain, fermée à clés. J’entends des bruits de vomissements, et je fronce les sourcils. J’ai bien une petite idée de ce qui est en train de se produire, mais en général ce genre de soirée ne finit pas très bien.

Je finis par frapper à la porte, tout doucement : « Tom’ ? Tu veux bien m’ouvrir ? »

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« Les démons à l'intérieur de moi. »

Les aboiements de la chienne cesse. Je reviens doucement sur Terre, sans pour autant pouvoir refréner ma crise de larme, ni les vomissements intermittents d'ailleurs... J'essaie désespérément de chasser toutes les images qui m'assaillent comme une vague violente viendrait s'écraser sur la rive. La douleur me prend à chaque fois que la bile acide remonte dans ma gorge, mais je ne peux rien y faire.

Entre deux sanglots, j'entend un toquement timide, suivit de la voix douce de Kiara. Elle me demande de lui ouvrir, mais elle ne peut pas me voir dans cette état. Alors que la nausée commence à me passer, je décide d'aller m'asseoir contre la porte et parle assez audiblement pour qu'elle m'entend sans pour autant parler fort. Je tente de paraître calme et normal, mais ma voix tremble et on entend clairement que je réprime mes larmes.

« Non,... je ne peux pas t'ouvrir. »

En tendant l'oreille, j'entends Tomas se laisser glisser contre la porte, et je soupire quand j'entends sa réponse négative. Alors, à mon tour je m'assois contre la porte, et attends. Les secondes semblent être une éternité, et Ibiza finit par poser sa grosse tête poilue sur mes jambes. Je souris, en lui caressant tendrement la joue, mais je ne veux pas laisser Tomas tomber, alors je lui dis, à voix basse pour ne pas déranger plus que nécessaire notre invitée, sachant pertinemment que Tom m'entendra :

" Tomas, ce n'est que moi. Je peux tout entendre, et tu le sais... Laisses moi prendre soin de toi, comme je sais que tu aurais pris soin de moi à ma place. S'il te plaît.. "

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« Les démons à l'intérieur de moi. »

Je pensais m'être calmé, je pensais que ma crise était passé... vraiment.
Quand je suis contre la porte, la voix de Kiara m'apaise, un peu. Mais je suis épuisé, je suis comateux, je suis ... en train de replonger dans un semi-sommeil en quelques secondes a peine... comme si j'étais bourré...
Ce micro sommeil qui ne dure même pas le temps d'une respiration me replonge dans un monde sanglant, meurtri et violent. Je me souviens, mon corps se souvient. Un flot d'images se recollent sur ma rétine. Plus de cinq ans après et ce n'est toujours pas fini. Ce cauchemar, cette horreur, cette douleur fantôme dans ma jambe. J'ai l'impression d'y être chaque seconde de mes nuits et cette seconde dans la salle de bain assis contre la porte, Kiara coller de l'autre côté, j'y suis de nouveau. Je me lève brutalement. Je sais que c'est faux, je sais que la texane est derrière la porte, je sais que je suis loin de tout ça, mais mon esprit pervers me versent des flots d'images incontrôlables. Je me retrouve de nouveau affalé sur les toilettes à vomir du vent, les larmes défilant sur mes joues. Je me redresse piteux et je ne sais pas pourquoi, encore une fois je me regarde dans le miroir. Je sais que Kiara m'attend, je sais qu'elle doit être affolée.

Mais dans cette salle de bain, il n'y a que moi et ce portrait dans le miroir. Moi et ce monstre. Il n'y a que moi, le monstre. Je me déteste. Je me hais. Je veux que ça s'arrête. Je veux juste... Crack
La douleur me lance dans la main et je reviens sur terre. Je papillonne des paupières. Le miroir est brisé et quelques gouttes de sang glissent dessus. Je regarde la jointure de mes doigts qui est ensanglanté. La douleur me réveille, la douleur me sort de mon cauchemar. Kiara m'attend. Je tend une main tremblante vers le loquet de la porte et la déverrouille. Avant même que la belle texane rentre, je me laisse glisser sur le sol, je suis épuisé. J'ai l'impression de m'être battu. Je regarde La brune avec un air pitoyable et lui dit.

« Je suis désolé. »

Et les larmes coulent de nouveau sur mes joues rouges, je pue le vomis et la transpiration. Je suis épuisé.

L'impuissance, de ne pas pouvoir aider son meilleur ami... Il y avait difficilement quelque chose de pire, sans compter que si j'avais proposé à Tomas qu'on emménage ensemble, c'était en partie pour pouvoir m'occuper de lui. En effet, je savais qu'il continuait parfois à faire des cauchemars du front et apparemment, cette nuit-là n'avait pas fait exception. Et puis finalement, la réalité me revint en pleine face, alors que je prenais mon mal en patience, Ibiza avec moi. Le verre brisé, ça ne trompe pas. J'avais serré la mâchoire. Impossible pour ma chienne de traîner dans les parages, je n'avais pas le temps de me soucier qu'elle ne se coupe pas un coussinet en plus de prendre soin de Tomas. Je l'avais donc ramenée à ma chambre, et lorsque j'étais revenue dans celle de Tomas, il avait finalement déverrouillé sa salle de bain.

Quand je vois l'état dans lequel il est, ma gorge se serre. Je m'en veux de ne pas pouvoir l'aider d'avantage. Mais d'un autre côté, que pourrais-je bien faire de plus pour lui, que ce que je fais déjà ?

"Tu n'as pas à t'excuser, tu m'entends ?" J'avais demandé doucement, avant de lui tendre la main. Avec tous ces morceaux de verre brisés, hors de question qu'il ne reste un seul instant de plus ici. Je l'avais donc aidé difficilement à se relever, avant de l'accompagner jusqu'à son lit, où je l'avais fait s'asseoir. La priorité était de prendre soin de sa blessure. Alors sans attendre son accord, je m'étais saisie de désinfectant, et de bandage pour pouvoir la protéger une fois qu'elle serait propre. Je ne parlais pas, lui laissant l'occasion de se calmer, de se concentrer sur l'instant présent. "Tout va bien maintenant." J'avais dit une fois son bandage fait, en déposant un baiser protecteur sur son front.

J'étais ensuite allée lui chercher un verre d'eau, pour qu'il puisse s'enlever ce goût désagréable de la bouche, et ce même si un petit coin de mon esprit se doutait qu'il devait rêver de quelque chose de plus fort. "Tiens bois." Je lui avais demandé sur un ton sans appel, mais en conservant cette attitude protectrice. Finalement, je lui avais demandé : "Aimerais-tu que je reste avec toi cette nuit ?" Pendant que je récupérais un tee shirt propre de son placard, afin qu'il soit plus à l'aise et ait l'occasion de se changer. Sachant que nous venions de lui faire son bandage, la douche attendrait.