Il suffit de mettre un pied devant l'autre, et tout ira bien. [libre]

C’est vrai, je l’avoue, j’avais déjà reçu ma lettre d’admission depuis bien longtemps. Il est des fois difficile de mettre de l’ordre dans sa vie, et malgré que je désirais tout particulièrement cette académie, j’avais eu très peur de me lancer. Tous ces efforts avaient enfin payé, et moi, je flippais. C’était ça l’idée. J’étais terrifiée à l’idée de devoir me retrouver seule face à mes peurs, et face à cette nouvelle incompétence, celle de ne plus pouvoir courir en hippodrome. Je valais quoi alors ? c’était tout ce que je connaissais, la course, et maintenant, je me retrouvais complètement rejetée du monde des chevaux. Bien que j’avais l’opportunité sur place de reprendre une petite friperie, j’avais peur d’arriver comme un cheveu sur la soupe et de finalement ne pas savoir quoi faire. J’avais cette boule au ventre, et cette petite voix qui me disait que, si j’étais si maladroite, qu’est-ce qui me prenais de vouloir me lancer là-dedans ? Une académie de renommée, et puis quoi encore ? Je passais déjà pour une cinglée aux yeux de tout le monde, la pauvre petite Desirae, devenue inutile, veut faire ses preuves. Laissez-moi rire.

Finalement, j’avais décidé de retrouver mon courage, et j’avais finalement répondu positivement à la proposition de l’académie. Je ne savais pas si j’allais y rester longtemps, j’arrivais dans un lieu assez inconnu, face à mes angoisses et où je ne pouvais compter que sur mes propres choix pour progresser. J’avais donc finalisé mon inscription en remplissant les papiers, en y ajoutant la demande de demi-pension, que je finaliserai sur place avec les conseils des professionnels sur place. Je vous avoue avoir fermé l’enveloppe un peu tremblante, je savais que ça allait être éprouvant, que j’allais devoir me bouger pour mériter ma place, mais en avais-je les épaules ? J’étais moins téméraire qu’avant, et je ne savais pas si ma propre détermination allait suffire pour m’emmener plus haut.

Je repensais à tout cela alors que j’étais face à ce grand portail de métal, après un long voyage de l’Écosse à l’Angleterre, fatiguée. J’avais simplement mes affaires d’équitation avec moi, à vrai dire, j’avais déjà fait un détour par mon appartement pour poser mes affaires. J’avais l’impression que toutes mes tripes se soulevaient, ici on attendait rien de moi en dehors de progrès, est-ce cela qui me faisait si peur ? De ne jamais progresser ? De plafonner ? Anxieuse, j’ouvrais les lourdes portes de l’académie et avançais un pas après l’autre, comme sur mes gardes. Je regardais tout autour de moi, me demandant si finalement l’exigence de cette école était le bon choix pour moi. Malgré toute la volonté que je pouvais posséder, je me voyais déjà échouer.

Je lâchais un long soupir, à la fois de soulagement, mais aussi de dépit. Il fallait vraiment que je me ménage, mais pour le moment, je ne savais ni trop où aller, ni quoi faire. L’aventure ne débutait peut-être pas comme je l’imaginais. J’en avais tant rêvé, si fort. J’avais l’impression, à ce moment exact, de renvoyer une image boiteuse, d’une enfant dont le rêve a été brisé par une erreur à la con. Ce n’était pas la vision radieuse que je m’étais faite de l’endroit, ce n’était pas cette facette tremblante que je voulais montrer au monde, pourtant j’étais là, hésitante, sous la grisaille de l’Angleterre.