Bzzt Bzzt. Bzzt Bzzt.
- Mmmh...
Je grogne sinistrement en tapotant ma table de chevet à la recherche de mon portable. Mes doigts touchent l'appareil, les vibration me chatouillent la main quand je l'empoigne et la lumière m'agresse la rétine quand je jette un coup d'oeil à l'écran. Je papillonne du regard afin que mes yeux s'adaptent à la luminosité artificielle et constate avec dégoût qu'il n'est que six heures seize. Je râle. Mais bordel qui peut bien m'appeler à cette heure-ci ! Kiara sait très bien que je travaille tard au bar et que hormis pour les naissances, je ne vais pas être de très bonne humeur!
M'entendant bouger, râler et soupirer, Loona en déduit que je suis réveillé. Elle quitte son coussin qui est au pied du lit pour me rejoindre. C'est le petit rituel du matin, le petit câlin qui fait nous fait du bien. Alors tandis que je caresse le pelage doux de la berger, je décroche. Je lâche un
Allô ? froid et agacé.
- Oui, bonjour monsieur Thomson, c'est monsieur Cooper à l'appareil, vous savez le transporteur de chevaux. Il me semblait vous avoir prévenu que j'arriverais à six heures, l'ai-je bien fait?
Oups! J'ai totalement zappé ça! Hier Kiara m'a pourtant prévenu qu'elle ne pourrait pas l'accueillir personnellement et elle m'a demandé d'y aller... Ohlala, ma soirée a été longue et j'ai dû repousser un peu la fermeture du bar... Je suis donc rentré il y a un peu plus d'une heure...
- Ha euh... Si je l'ai bien reçu ... Heu, je suis vraiment désolé monsieur Cooper, j'arrive tout de suite!
Je raccroche à la hâte, embrasse le sommet du crâne de Loona avant de la faire descendre. Je repousse vivement les draps, j'enfile des vêtements au hasard et à la va-vite et je me dirige rapidement dans la cuisine, manquant de trébucher au passage. Je n'oublis pas de donner son petit gâteau du matin à ma chienne qu'elle gobe, quant à moi je prend quelques carottes que je passe furtivement sous l'eau pour les laver avant de partir en claquant la porte, sans bien sûr laisser Loona à l'appartement.
Ce matin il fait bon, c'est agréable. Le soleil commence à rayonner et ça sent la journée chaude. J'arrive au pas de course au refuge où le transporteur m'attend. Je viens serrer la main de monsieur Cooper qui m'attend appuyer contre son camion. Loona, toujours contente de voir des gens, vient lui faire joyeusement la fête.
- Je suis vraiment désolé monsieur Cooper, j'ai eu une très longue nuit au bar, je n'ai pas entendu mon réveil quand il a sonné!
Je passe sur le fait qu'en fait j'ai oublié de programmer mon réveil...
- Ce n'est pas grave, vous êtes là, c'est ce qui compte! Je n'aurais pas su quoi faire d'une jument traumatisée, haha. Surtout qu'ensuite je dois aller de l'autre côté de l'Angleterre pour déposer un champion qui vient d'être vendu.
Le transporteur caresse la berger suisse avant de me tendre les papiers de la jument pour que je jette un coup d'oeil avant d'entrer dans le camion, au moins pour que je sois préparé à la bête qui m'attend. Je lis tranquillement les papiers qu'ils me donnent pendant que lui s'occupe de Loona. Donc : Calypso, PFS de 5 ans. Intéressant. Puis je lis que la jument a reçu plusieurs doses de calmant, j'interroge monsieur Cooper.
- Hum, dites-moi monsieur Cooper, Calypso a reçu plusieurs doses de calmant?
L'homme s'arrête de jouer avec la chienne et me dit.
- Heu, oui si vous lisez plus loin vous verrez qu'elle a eut un accident et que depuis elle est claustrophobe. Le vétérinaire n'avait pas vraiment la patience poru rester tout le temps que demandait Calypso pour entrer dans le van avec une seule dose et donc il lui en a redonné pour qu'elle s'oppose beaucoup moins et soi bien plus calme pendant le transport donc là elle est totalement shootée.
Je râle un peu, ce n'est pas vraiment la solution, mais je ne juge pas, le travail de monsieur Cooper est juste de transporter les chevaux d'un point A à un point B, et il est plus rapide de droguer la jument que de prendre le temps de la rassurer et puis elle risquerait de se mettre en danger lors du transport. Je repose les papiers dans le camion pour l'instant avant de dire.
- Si on allait voir la bête maintenant.
Il ouvre la porte du van et j'entre lentement. Calypso tourne la tête lentement vers moi, le regard vitreux. Bien, elle semble bien défoncée.
- Salut Calypso, je suis Valentin. Je suis gentil, je viens te sortir de là.
Je m'approche d'elle doucement. Arrivé à ses côtés, je lui tend la main pour qu'elle la renifle. La jument est deux de tense, elle jette un coup d'oeil à ma main avant de la lécher... elle doit surement penser qu'elle contient une friandise et semble intriguée quand elle n'a pas ce qu'elle a imaginé... ? Elle s'arrête et reste bloquée sur ma main. On dirait une droguée en train de phaser. C'est drôle. De ma main libre je détache la longe.
- On y va ?
Je lui donne une petite caresse du bout de l'index entre ses naseaux ce qui la surprend mais elle met deux minutes avant de lever brusquement la tête... oui c'est le temps que les informations lui montent au cerveau. Je commence à avancer pour la sortir mais la demoiselle totalement décalée de la réalité ne semble pas tout de suite assimiler les choses. Je tire un peu sur la longe et deux minutes plus tard elle commence à marcher, me suivant. Une fois sortie du camion, de la manière la plus lente et la plus posée du monde, la grise se surprend à voir la lumière. Elle s'arrête et regarde autour d'elle, très lentement pour tenter d'assimiler ce qui lui vient aux yeux. Elle ne comprend pas trop et malgré les médicaments qui la calment énormément, elle lâche un petit cri aigu... enfin ce qui semble l'être. Je pose la main sur son encolure et lui caresse doucement l'encolure. Loona arrive à ce moment-là pour rencontrer la ponette. Elle s'arrête à ses pieds et mon petit clown s'assoit avant de faire la belle pour attirer l'attention de Calypso. Celle-ci mets quelques minutes avant de remarquer la présence de la chienne et ensuite encore quelques minutes pour baisser la tête et la renifler. Enfin, défoncée comme elle, elle met un coup de tête à ma berger suisse, ne contrôlant pas sa force, ma pauvre pépette roule un peu plus loin en couinant. Je fronce les sourcils mais je ne peux pas en vouloir à Calypso qui est droguée.
- Loona, viens me voir ma belle.
Dis-je en me penchant vers le sol et tapotant mes cuisses. Ma chienne arrive en rasant le sol, totalement apeurée par la ponette. Je la caresse vivement.
- Tout va bien chouquette, elle est juste un peu maladroite, pas du tout méchante.
J'indique à monsieur Cooper que je vais mettre Calypso dans un des prés du refuge et que je reviens dès que je le peux.
J'avance pas par pas avec la grise. Je sais qu'elle a besoin de temps pour que les informations mais la patience n'est pas mon fort... j'avance impatiemment, tirant un peu plus sèchement sur la longe. Deux minutes plus tard elle me rejoint en trottinant, et je continue dans cette lancée, ne la stoppant pas le moins du monde mais trottinant à ses côtés. Ouf! On arrive un peu plus vite aux paddocks où des chevaux ne supportent pas les boxes attendent leur ration du matin. D'ailleurs je passe devant l'enclos de Not Afraid, qui me foudroie du regard. Je ne fais pas attention et continue de faire trotter la ponette avant de tourner dans un pré ouvert. Je l'arrête et directement la lâche avant d'aller refermer la barrière. Je reviens vers elle pour la caresser.
- Voilà Calypso tu es dans ta maison provisoire. Promis je repasserais une fois que tu seras redescendue... d'accord?
La jument ne semble pas vraiment comprendre. Je lui tend une carotte qu'elle voit, observe et tente d'attraper avec ses dents. C'est drôle car on dirait qu'elle est bourrée! Elle mord dans le vide mais elle est bien résigné à manger cette carotte! Je l'aide un peu en venant placer le légume sous sa bouche. Elle le prend en bouche et le mâche bruyamment. Je souris.
- Aller, miss, je te laisse.
Je sors du pré, retourne voir monsieur Cooper pour récuperer les papiers et part avec Loona, après avoir saluer le transporteur, direction le bureau de Kiara pour déposer la paperasse de la grise. De plus j'envoie un message à la directrice pour la prévenir.